À mon réveil Max n’était plus là. En me redressant j'observais le crépuscule au loin, il faisait presque nuit. Je devais rentrer au plus vite avant que les portes de Prédoré ne ferment, je pris mes jambes à mon cou pour retourner au village. Alors que je m’éloignais de la plage et que tout était calme hormis la frénésie de mes pas sur cette terre peu fertile, je sentis une présence derrière moi. Je me stoppais net et me retournais pour voir qu’il y avait une silhouette à quelques dizaines de mètres. C’était une femme. Mais je ne pouvais pas en dire plus. Dans le noir et à cette distance je ne voyais que ses contours.
« Qu’est-ce qu’elle peut bien faire par ici ? »
Sans trouver de réponse à ma question, je repris ma course et à peine quelques secondes plus tard je percevais un frémissement plus proche. Mon sang se glaça, me suivait-elle ? Effrayé, je me retournais à nouveau sans m’arrêter mais cette fois, elle avait disparût. Plus rien ni personne, et quelque chose se déplaçait vers moi. Quelque chose me poursuivait, mais impossible de savoir quoi. Les quelques minutes qui me séparaient du village me parurent alors comme une éternité. Je m’efforçais de courir le plus vite possible pour garder la distance avec cette « chose ». Si bien, que jamais auparavant je n’avais fait le trajet aussi rapidement.
J’aperçus le village et continuais ma course jusqu’à arriver tout près des portes, toujours suivis pour ce frémissement intempestif. Et lorsque les quelques gardes me virent arriver, ils se mirent en ligne pour me barrer la route. Je sentais mon cœur battre à la chamade, le cumul entre l’effort physique, la peur et le stress le mettait à rude épreuve :
- Halte là ! s’écriait l’un d’entre eux d’une voix autoritaire.
Je m’arrêtais à peine quelques pas devant eux. Je pensais me faire rattraper mais mon poursuivant s’arrêtait lui aussi. Je me retournais et vît qu’enfin à la lueur du village, ce n’était finalement qu’un petit écureuil noir. L’inquiétude qui me nouait l'estomac s'envolait tout à coup. Il me fixait intensément avec ses yeux jaunes qui ressortaient de l’obscurité de la nuit. Même si il était inoffensif, son regard me mettait mal à l’aise. Il finit par s’enfuir à la vue des gardes, qui eux m’observaient d’un air intrigué :
- Qu’est-ce qui t’arrives mon garçon ?
- Je … Je n’ai pas … vu le temps passé, leur annonçai-je essoufflé.
- Fais plus attention la prochaine fois. Tu pourrais bien te retrouver de l’autre côté des murailles pour la nuit.
Il prit soudain l’air inquiet.
- Nous ne sommes pas très loin de la Forêt d’Elwynn ici. Et crois-moi, il ne vaut mieux pas pour toi que tu croises … une des créatures qui s’y trouve. J’acquiesçais de la tête sans vraiment l’écouter. J’avais à peine repassé les portes que les gardes les refermèrent presque aussitôt derrière moi.

Je me préoccupais déjà beaucoup plus de ce qu’il venait de m’arriver. Le temps de reprendre mon souffle, je revoyais dans ma tête cette silhouette.
« Était-ce un rêve ? Une hallucination ? »
Impossible d’en être bien sûr ...

- Nous devons le découvrir à tout prix, déclara Lumen déterminée. Léodias passe devant, nous te suivrons de près.
- Bien, alors allons-y.
J’avançais sereinement avec la torche à bout de bras, au fur et mesure que la lumière blanche se rapprochait, je distinguais comme un refuge pile en dessous. Il était en bois et ne semblait pas très accueillant. Au-dessus, la forme de la lumière se précisait en un disque parfait qui ne pouvait être autre chose que de la magie. Je franchissais les quelques marches de bois pour frapper à la porte. Presque aussitôt un vacarme résonnait à l’intérieur, j’entendais une multitude d’objets qui tombaient au sol. Comme si j’avais fait sursauter l’individu qui se trouvait à l’intérieur. Une voix rauque répondit :
- Qui est là ?
- Je m’appelle Léodias, répondis-je d’un ton hésitant.
Pendant un instant, il ne dît plus un mot. J’entendais le bruit lent de ses pas se rapprochant de moi. Mon cœur battait de toutes ses forces dans ma poitrine, la porte s’ouvrait enfin et l’homme tendait sous ma gorge un bâton d’une forme particulière et orné de motifs.
« C’était donc ça, un sceptre ? »
Puis mon regard se portait sur lui. Je n’en revenais pas, en le regardant dans les yeux je crus voir mon reflet un instant. L’homme avait la même chevelure dorée que moi, son visage présentait pas mal de similitude avec le mien, à ceci près que le sien était rabougris par les années, et allongé par une longue barbe qui commençait à virer au blanc. Il abaissa son bâton puis s’exclama :
- Incroyable ! C’est toi ? Oui, c’est bien toi, le petit Léo !
« Il est complétement barré ce type ! D’où me connait-il celui-là ? »
Il reprit son calme.
- Je suis désolé pour l’accueil mais ça fait très longtemps que je suis seul, paumé dans ce trou à rats, tu comprends ? Et les deux-là derrière sont avec toi ? questionna-t-il.
Je ne pus me retenir de lui poser cette question qui me brûlait les lèvres :
- Oui mais vous êtes … mon père ?
- Je ne crains que non, répondit-il d’un air glacial.
- Mais c’est impossible vous me ressemblez tellement, il y a forcément quelque chose, balbutiais-je.
- Venez entrez tous les trois, je vais tout t’expliquer, dit-il en reposant son bâton dans un coin. Je savais que ce jour arriverait, tu dois connaître la vérité ...